Le papillon des Mille-Etangs  

                                          

                                      

 

                                                                      

      

   

Ce fut la deuxième détonation qui réveilla la jeune femme, alors qu’elle était inconsciente depuis des heures.

_ Mon Dieu ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Je ne vois plus rien. Du noir total et depuis quand j’ai perdu la vue ? Se dit-elle dans une peur viscérale ; de surcroît, elle sentit une douleur atroce ; tout son corps semblait paralysé. Elle prit une profonde inspiration, puis elle se frotta les yeux, mais il y avait quelque chose qui les gênait. Pourquoi, Bon Dieu que je suis bandée ? Tant de questions sans réponse, la jeune femme se força de rester lucide et essaya de contenir ses douleurs. Elle fixa le plafond d’un moment, puis elle tourna légèrement la tête. Le spectacle horrifiant, deux corps gisants dans un bain de sang lui donnèrent la nausée, à gerber de toutes ses tripes.

_ Nom de dieu ! Pourquoi, sont-ils là dans ma chambre ?

Encore une question sans réponse, elle frissonnait comme une dernière feuille d’un arbre mourant. Elle tenta de descendre du lit en glissant une jambe après l’autre aussi lente qu’un paresseux qui descend d’un arbre. Elle n’arrivait pas à se tenir debout ; la moindre force qui lui restait, c’est de ramper. Oui, ramper.

_ Au secours ! Aidez-moi ! Cria la jeune femme, mais sa voix  fut à peine audible. Elle fit une pause puis regarda le long couloir devant elle en grommelant : ce maudit couloir est aussi long qu’un parcours de marathon. Je serais morte avant d’atteindre la porte. Mais son intérieur se disait : rampe ma fille, rampe, si tu veux vivre.

 

 

 

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