puis
elle se dirigea vers un vieux chêne centenaire à l’ombre accueillante.
Elle s’installa pour réviser ses cours de mathématiques, l’examen du
Brevet des Collèges était proche, dans trois semaines démarrait la
première épreuve. Ses
yeux fixaient de temps en temps le champ à la recherche de Lucie et Bobby ;
parfois, quand ils se baissaient pour cueillir des fleurs, Marie devait se
tenir debout afin de les repérer. Soudain,
Marie resta immobile, n’osant faire le moindre geste.
Lucie se mit à contempler un énorme papillon blanc qui voletait
au-dessus des herbes. Elle laissa tomber son bouquet, puis elle joignit
ses adorables petites mains, formant une coupe qu’elle éleva devant
elle comme en offrande. Son visage tourné vers le soleil. Ses yeux étaient
fermés, et ses lèvres remuaient doucement. Priait-elle ?
Murmurait-elle une incantation mystérieuse et magique ? se demandait
Marie. A
cet instant précis, une chose miraculeuse, presque surnaturelle, se
produisit : le papillon vint se poser sur ses mains tendues. Le
spectacle stupéfiant, était digne d’un conte de fée, Marie n’en
perdait pas une miette, ses yeux toujours fixés sur sa sœur. Quand, tout
à coup, sans broncher d’un poil, Marie fit la grimace, puis avec un
geste inopportun, son index droit écrasa de toute sa force la petite
fourmi, qui était en train de mordiller sa cheville, en mille poussières.
Lucie
sentit l’insecte lui effleurer les doigts. Elle écarquilla les yeux, et
poussa un « Oh » de surprise et de ravissement. Pendant
quelques secondes qui lui parurent durer une éternité, le papillon
demeura sur ses mains, agitant légèrement ses ailes transparentes. Elle
ne fit pas le moindre geste pour le saisir. _
Marie ! Lucie ! Bobby ! Où êtes-vous, les enfants? Il
faut rentrer à présent, s’écria Amanda.
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