La
fillette tourna vivement sa tête, écarta ses doigts et le papillon
s’envola. _
Nous sommes là, maman ! répondit Lucie. Puis
elle ramassa le petit bouquet de fleurs posé par terre et s’élança
dans la prairie en donnant la main à Bobby, en direction de sa mère. Soudain
la porte de la salle de réunion s’ouvrit. Marie sortit de ses
souvenirs, les conversations prirent fin. Monsieur le maire était un
homme distingué, vêtu d’un élégant costume d’été marron clair
acheté chez un couturier européen. Il portait une chemise blanche et une
cravate noire et bleue en cachemire assortie à ses bretelles. Il
était un homme doux, avec un visage indolent et un petit menton rappelant
ces portraits d’archevêques du Moyen Âge. Il se dirigea vers la place
de président de séance qui se trouvait entre ses deux adjoints, Monsieur
Julian Freeman et Monsieur Donato Jr. _
Bonjour Monsieur le maire ! _
Bonjour Mesdames ! Messieurs ! Je vous prie de m’excuser de ce
retard. J’étais retenu au téléphone par le lieutenant Kévin Barnay,
responsable de l’enquête du manoir. Il marqua une pause, tira sur sa
pipe et une volute de fumées blanches envahit le plafond. Puis il
continua. _
Toute la propriété est interdite d’accès pour une période indéterminée. _
Comment çà ? Une période indéterminée ? Rétorqua un des
membres de l’assemblée. Monsieur Pirlo était le propriétaire de la
boutique « Chasse et pêche » et l’organisateur des pêches
en loisir dans ses étangs privés. Il était l’homme le plus pingre du
Bourg, où il méritait le surnom d’Harpagon, pour faire référence à
l’avare de Molière.
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