Une journée ordinaire de Monsieur Kop          

                                                    

                                    

         

_ Non, c’est le fils de notre voisine d’en face, Julie Anderson.

_ Ah bon, je n’ai pas non plus de neveu.

_ Si, si, mais il n’est pas là, il viendra voir Monsieur, ce soir. C’est un grand garçon, Jonathan, nous l’appelons, Jessy.

_ Il n’habite pas avec vous ?

_ Il a son appartement en ville, près de sa Faculté de droit.

_ En effet, c’est un grand garçon.

_ Que faisait Monsieur votre père ? demanda Rose.

_ Papa était toujours un grand débrouillard. Avec ce fameux chèque, il créa une compagnie d’autobus, c’est un grand mot compagnie, seulement avec un bus.

Il se débrouillait comme il pouvait. Nous vivions bien, sans plus. Il s’occupait de moi, il faisait en sorte qu’il ne manquait rien. Car j’étais son unique raison de vivre, il avait perdu maman, mais je lui réchauffais son cœur brisé. Comme je vous ai raconté Rose, papa ne s’est jamais marié. Il était célibataire et mourut célibataire.

Sa compagnie prit une croissance constante, d’un autobus à trente-six en une vingtaine d’années.

Puis il vendit sa compagnie, il y a une dizaine d’années de cela, quand j’eu fini mes études de droit. Il m’offrit un cabinet d’avocat en centre ville. Il s’occupa de la gestion du cabinet durant deux ans et moi des clients. Puis un soir, il m’invita au restaurant et pendant le dîner, il me dit : «  Je crois que tu peux voler de tes propres ailes Ninie, le cabinet est à toi désormais. Tandis que moi, j’ai besoin de dégourdir un peu ma vieille carcasse, peut-être partir pour quelques temps ». C’est ainsi que je me retrouvai avec le cabinet d’avocat sur les bras et depuis plus de dix ans cela pèse de plus en plus lourd. 

 

     

 

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