15 Elle
se rendit près de la baie vitrée, contempla la nuit. L’obscurité
invitait à la réflexion, et aux errances de la pensée. Le déluge de
juin s’abattit. On aurait dit que le monde entier s’était embrasé et
que la terre tremblait sous les craquements du tonnerre. Mégane se
faisait aussi petite qu’elle
le pouvait. Il faisait si noir à présent que, sauf lorsqu’un éclair déchirait
l’obscurité, elle ne distinguait même pas les troncs des sapins à
vingt mètres d’où elle se tenait. A quelque distance de là, un gros
arbre mort se dressait tel un fantôme chaque fois que le feu balayait le
ciel. Rapidement
comme un coup de poignard, Mégane éprouva soudain une vive douleur.
Chancelante elle fit volte-face, comme pour affronter un agresseur ou un
monstre. Rien ne la menaçait, mais la douleur restait vive. La poitrine
oppressée elle étouffait, ne respirant qu’avec peine. Elle sentait sur
sa nuque l’air froid de la nuit, elle éprouvait comme un vertige. D’un regard
circulaire, elle s’assura qu’aucun accident extérieur ne le
justifiait. Le malaise s’intensifia si douloureusement qu’elle fût
contrainte de se tenir bien droit, les mains crispées au niveau de la
taille.
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