Bobby répondit
lentement, du timbre atone d’un homme qui rêve. _ Ok, mon
copain. Puis il posa
son arme sur la commode, comme suggérait Cricri ; mais avant de
s’asseoir par terre et de s’adosser contre le mur ; il
s’approcha de la jeune femme, lui libéra les liens, mais, sans lui
enlever son bandeau. Car il ne supportait pas de voir les regards vitreux
de sa victime, pour lui, le regard d’un mort porte malheur à celui qui
croise et il en avait eu l’expérience. _ Vient,
assied toi à côté de moi, Bobby. Tu m’as
demandé de l’aide et au lieu de cela je t’ai quasiment sauté à la
gorge. Tout ce que je peux te dire, en guise d’excuse, c’est cette méthode
de surveillance quasi permanente à notre insu, employée par ce sale
flic, qui m’a porté sérieusement sur le système. Bon ! dit-il.
Sasa n’est pas là en ce moment, je présume. _ Non ! _ Et depuis
quand ? Qu’il t’a abandonné comme une vieille chaussette ! _ Depuis que
le verdict du procès est prononcé. _ Ok, j’ai
compris. _ Et,
qu’est-ce que tu as compris ? _ Que mon
petit vieux, tu es redevenu comme le gentil Dr Jekyll et non, Mr Hyde, un
être normal quoi. _ Je le sais,
mais c’est un peu trop tard, tu ne crois pas, Cricri ? _ Alors, tu
veux toujours partir, mon copain ? demanda Cricri d’une voix
chevrotante. _ C’est mûrement
réfléchi et depuis des jours, absolument, oui ! Je veux partir
rejoindre Sisi (Lucie) et lui demander de me pardonner. Cela fait
vingt-trois ans que nous sommes séparés, et de temps à autre j’ai
encore l’impression que c’était hier.
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