Une journée ordinaire de Monsieur Kop          

                                                    

                                    

         

 

   

_ Bien sûr, mon chéri. Elle fixa Jessy en murmurant : Toi aussi mon petit, tu es un samaritain sans le savoir. Pas plus loin que cet après-midi, t’as réalisé une bonne action auprès de ton ami Stan Winfields. T’as le gène de ton père dans le sang, petit.

   Jessy était retournée dans le salon et s’approchait de la cheminée. Il prenait le cadre en forme de cœur à deux battants, d’un côté lui, de l’autre Princesse, son jument préférée. Il les regardait l’un après l’autre, longuement, puis reposait soigneusement le cadre à sa place.

Il prit le journal local et essaya de lire, mais les mots n’eurent aucun sens. Il le reposa, se leva, se mit à arpenter le salon. De temps à autre, il allait jusqu’à la porte d’entrée, passait sa tête dehors, la pelouse vide éclairée par les petites lanternes solaire, le pré tranquille de l’autre côté de la route puis il referma la porte. Chaque fois, il retournait dans le salon,  regardait l’horloge et il lui semblait seulement qu’une bonne dizaine de minutes venaient de s’écouler. Tout en marchant, il cognait un poing dans la paume de l’autre main, comme pour reproduire les battements de son cœur.

_ Je vous en prie, mon Dieu, dit-il tout haut. Je vous en prie, ne m’effrayez pas comme ça.

Jusqu’à ce moment-là, il entendit crisser les pneus d’une grosse cylindré et le ronronnement du moteur. Son cœur battait  la chamade, il courait à la fenêtre. A travers les interstices du store vénitien il aperçut devant la résidence, les lumières flash bleue intermittents d’un 4 X 4 militaire et les grésillements d’une radio. Deux hommes échangèrent les derniers mots et les portières claquèrent. Le 4 X 4 redémarra et prit la direction de la ville.

 

     

 

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