Le lieutenant l’actionna à trois reprises. Le claquement sonore était surprenant, il semblait inconvenant et insensible, étant donné la raison de leur visite. Un écho de pas se rapprochait rapidement, la porte qui se tint devant eux est menue. Son visage bouffi, comme si elle ne mangeait pas assez, elle buvait trop et avait longuement pleuré. Sans doute était-elle jolie en d’autres circonstances, dans un style assez brut et blond décoloré.

 Ils suivirent Marie Leclerc le long d’un couloir lambrissé de vieux pin. A gauche se trouvait une raide petite pièce de réception, qui n’avait pas l’air souvent visité. Son atmosphère glaciale perçait Jenny comme elle la dépassa. Ils pénétrèrent dans un petit salon confortable qui s’ouvrait sur leur droite, avec ses meubles de cuir vert foncé et ses ustensiles de cheminée réunis dans un serviteur de cuivre.

_ Je vous présente, dit Marie, Monsieur  le maire, Christopher Wallin, Monsieur Donato jr, mon ami et 1^er adjoint au maire.

La présentation fut brève mais chaleureuse.

_ Comment préférez-vous le café, Docteur ?

_ Noir ce sera parfait, répondit Jenny.

_ Vous Lieutenant ?

Le lieutenant faisait preuve de sens commun en évitant de sortir sa coutumière tirade : « comme mes femmes, blanches et sucrées. »

_ Noir, également, Madame.

_ Installez-vous s’il vous plait, Marie désigna les fauteuils et le canapé à trois places. Puis elle disparaissait dans la cuisine en titubant, suivi par Donato en guise de lui venir en aide.

Une minute plus tard, tous deux revinrent avec un plateau porté par Donato Jr. Il le déposa, tremblant légèrement, sur la petite table basse.