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Non Lieutenant ! Le samedi dernier, je l’ai juste aperçu derrière
la vitrine de son agence immobilière sur la Grand’ rue lorsque je me
garais. Elle m’avait donné l’impression d’une femme préoccupée et
impatiente. Elle avait un regard vif, intelligent, mais plein de
tristesse. Elle faisait les cent pas, de temps à autre elle m’observait
en silence, comme si elle savait que Mégane devait surgir d’un moment
à l’autre. Dès l’arrivée de Mégane, elle bondissait hors de son
local pour venir à sa rencontre. Son visage rayonna de joie, comme lors
de retrouvaille, après tant d’années où elles s’étaient perdues de
vue. C’était un tel spectacle que je restais éberluée pour un bon
moment. _
C’était donc cela qui vous tracasse. Si je peux vous aider, faites-moi
savoir ? Pourquoi, ralentissez-vous Jenny ? _
Je cherche une place pour me
garer, Lieutenant. _
Ne cherchez point Jenny ! Continuez, allez tout droit, à 500m,
tournez à votre gauche, suivez la rue St. L’Orient la chapelle, à
environ 2 km. La demeure était au nom de « Cottage d’Eden ».
Désolé, je suis complètement
obnubilé par votre récit que j’avais omis de vous mettre au courant du
dernier changement. Comme convenu hier soir, j’ai prévenu monsieur le
maire de Mille-Etangs des raisons de notre visite d’aujourd’hui. Tôt
ce matin, il m’a rappelé que Marie Leclerc avait un petit malaise, et
avait dû retourner chez elle. _
D’accord Lieutenant, j’accepte votre désolation, Jenny lui lança un
sourire d’écolière. Elle
regarda dans le rétro et vit toute une armada de journalistes qui la
suivait de près. _
Bon ! s’exclama le Lieutenant, Je comprends votre préoccupation de
ne trouver mots qu’ils faillent. Mon père disait : Dans de telle
situation, un long discours ne vaut guère mieux qu’un petit geste de
compassion et un tendre regard soutenu. Voilà ce donc comment on va procéder,
si je puis me permettre ?
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