C’était un métier en voie de disparition, certain le prétendait.
L’évolution de la fabrication des fers à cheval et des accessoires
d’équitation s’est richement industrialisée. Il
avait vendu ses chevaux, sa forge, son atelier ainsi que sa demeure. Il
avait cédé ses quatre hectares de terres et de bois au promoteur de la
Cité des roses pour un petit pavillon de cent cinquante mètres carrés
habitables et deux mille mètres carrés de jardin, un bouquet d’un
certain montant et une rente à vie assez substantielle. Par contre, le
promoteur fît construire sur ces lopins de terre une vingtaine de résidences
de haut de gamme, pour ne pas dire de luxe. _ Monsieur
Stan, ça fait un bail, presque deux décennies que je vous connais. Vous
vous souvenez, la première fois qu’on s’était vu, je n’étais pas
plus haut qu’un nain de jardin. Vous m’aviez pris dans vos bras pour
caresser Princesse, elle était magnifique avec une jolie robe noire
brillante et douce comme du velours. C’était aussi votre jument préférée
et personne n’avait le droit de la monter sauf vous et moi. _
Oui, je me rappelle de ce jour là, c’était un mercredi avec un ciel
magnifique, d’un bleu méditerranéen. Tu avais à peine cinq ans, ta
pauvre maman me disait, avec un beau sourire,
que tu t’appelais Jonathan mais
que je pouvais t’appeler Jessy. J’étais même tombé sous son
charme. _
Je savais monsieur Stan, j’étais petit à cette époque, mais pas naïf. _
C’est vrai ! Jessy, tu étais très en avance comme gamin.
D’ailleurs, si tu te souviens, un jour j’ai décidé de t’emmener
faire une promenade avec Princesse et profiter de cette occasion pour te
faire un petit laïus sur ce qu’est un cheval et son cavalier.
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